Étude de cas sur la tarification : les catamarans et la dynamique du marché en 2025

1. Contexte

Pendant la Covid, les catamarans sont devenus l'emblème de la plaisance. La demande a explosé, les gens recherchant la liberté sur l'eau, tandis que l'offre était limitée par la fermeture ou la réduction des chantiers navals. Les concessionnaires ont capitalisé, gonflant les prix catalogue. Les acheteurs, dont beaucoup étaient des primo-accédants, payaient régulièrement entre 1 et 1,5 million de dollars pour des modèles de taille moyenne comme le Lagoon 46 et le Leopard 50, selon les options.

Aujourd'hui, quelques années plus tard, la situation s'est inversée. Les mêmes bateaux reviennent sur le marché de l'occasion, se faisant concurrence et affrontant des flottes entières d'anciens bateaux de location, progressivement retirés du marché après cinq à sept ans de service. L'offre excédentaire, la baisse de la demande et les remises d'usine se sont combinées pour diviser par deux les valeurs de revente au cours d'un même cycle de propriété.

2. Inflation des prix à l'ère du Covid

Acheteurs inexpérimentés : Nombre d’entre eux étaient des nouveaux propriétaires qui sous-estimaient les coûts de fonctionnement et surestimaient la stabilité de la revente.

Marges des concessionnaires : Sur certains modèles, les concessionnaires ont augmenté leurs marges jusqu'à 400 000 USD.

Promesses de la charte : On disait souvent aux acheteurs que les revenus de la charte couvriraient ou compenseraient les coûts de propriété, créant ainsi des attentes financières irréalistes.

3. Réalité actuelle du marché

Un Lagoon 46 de 2020 vendu à l'origine pour environ 1,2 million de dollars atteint désormais 450 000 à 500 000 dollars.

Les anciens bateaux de location souffrent de l'effet de la location de voiture : ils peuvent être en bon état, mais les acheteurs supposent une utilisation intensive et appliquent de fortes remises.

Les vendeurs qui consultent des portails comme YachtWorld voient des bateaux similaires annoncés entre 700 000 et 800 000 $ et s'attendent à la même chose. En réalité, ce sont des exemplaires invendus. Les bateaux à bon prix se vendent rapidement et disparaissent de la circulation.

4. Le double coup pour les propriétaires

Les propriétaires sont confrontés à deux problèmes complexes :

Amortissement : un catamaran qui a commencé sa vie entre 1 et 1,5 million de dollars perd généralement la moitié de sa valeur en cinq à six ans.

Attentes vs réalité : l'analyse de Boatshed portant sur 30 000 ventes montre que les propriétaires réduisent leur prix de vente de 28 à 30 % en moyenne avant de conclure une affaire. Cela reflète l'écart entre les attentes et le résultat, et non la courbe de dépréciation totale.

Sous-utilisation : de nombreux acheteurs post-Covid ont à peine utilisé leurs bateaux, ce qui donne l'impression que la perte est de l'argent gaspillé, souvent avec peu des retours sur investissement intéressants initialement imaginés lors de l'achat.

5. Pourquoi les concessionnaires gonflent les prix de revente

Les concessionnaires disent rarement la vérité aux propriétaires sur la dépréciation, car cela entre en conflit avec leurs incitations.

Génération de leads : Les annonces de revente gonflées servent d'appât. On dit aux propriétaires que leur bateau peut être vendu à un prix élevé, mais le véritable objectif est de générer des demandes. Les acheteurs sont alors orientés vers des bateaux neufs à prix réduit, où les marges sont bien plus élevées. Ce cycle est le moteur du marché des bateaux neufs.

Protection de la marque : La publication des valeurs de revente atteintes porterait atteinte à l'image de marque. Si les acheteurs savaient qu'un catamaran de cinq ans vaut la moitié de son prix d'origine, les ventes de nouveaux bateaux en pâtiraient.

Marge économique : les concessionnaires peuvent gagner des centaines de milliers de dollars sur un bateau neuf, contre une fraction de ce montant sur une commission de revente. Leur modèle économique repose sur la concentration sur les nouvelles commandes.

Contrôle des données du marché : Les propriétaires s'appuient sur des portails qui n'affichent que les prix demandés. Sans données sur les ventes réalisées, les vendeurs s'accrochent à des chiffres gonflés, les acheteurs sous-estiment la valeur et les concessionnaires gardent le contrôle du récit.

6. Offre, demande et pression des usines

Offre excédentaire : les vendeurs privés et les flottes entières de charters inondent le marché en même temps.

Faible demande : le resserrement économique a réduit le bassin d’acheteurs sérieux.

Dynamique des usines : Les chantiers navals sont conçus pour le volume. Pour écouler leurs stocks, ils pratiquent désormais des remises importantes sur les bateaux neufs, ce qui fait encore baisser la valeur des bateaux d'occasion.

Tactiques des concessionnaires : un Lagoon 42 d'occasion de 2020 peut être mis en vente à 700 000 $, non pas pour le vendre, mais pour inciter les acheteurs à acheter une nouvelle version à prix réduit.

7. Points stratégiques à retenir

Pour les courtiers : utilisez les données de ventes réalisées, et non les publicités sur les portails, pour ancrer les conversations avec les propriétaires. La transparence renforce la confiance et conclut des affaires.

Pour les vendeurs : Les bateaux sont des biens de consommation de luxe, et non des actifs qui prennent de la valeur. Les améliorations créent souvent un capital fantôme, précieux pour votre usage et votre plaisir, mais qui augmente rarement la valeur de revente. Soyez-en conscient et fixez un prix réaliste dès le départ.

Pour les acheteurs : Les meilleures opportunités se trouvent dans les bateaux privés bien entretenus, proposés à un prix raisonnable par rapport au marché. Les anciens bateaux de location peuvent constituer des achats intéressants, mais seulement si la réduction compense réellement l'usure.

8. Conclusion

Le secteur du catamaran connaît une restructurationCorrection structurelle. Les acheteurs post-Covid qui ont payé des prix records subissent désormais des pertes de 50 % ou plus en un seul cycle. Les concessionnaires et les fabricants occultent cette réalité, car leurs profits dépendent des marges sur les bateaux neufs, et non de la transparence sur l'occasion.

La leçon est simple, mais nécessaire : les yachts sont synonymes de style de vie, de liberté et de plaisir, et non de plus-value. Reconnaissez la dépréciation et agissez tôt, et la propriété deviendra bien plus gratifiante.